Fin d’année : les facteurs externes qui impactent les exploitations agricoles
Plusieurs évolutions récentes sur les marchés agricoles et financiers méritent l’attention des agriculteurs. Engrais, produits phytosanitaires, prix alimentaires, financement et marchés de l’élevage : point de situation.
Engrais : un assouplissement de la Commission européenne pour soutenir les exploitations
Face aux difficultés rencontrées par les agriculteurs européens, la Commission assouplit les règles de sa taxe carbone en réduisant ou en suspendant certains droits de douane et mécanismes de protection commerciale sur les engrais importés.
Cette mesure permet de faire entrer davantage d’engrais sur le marché européen, à des prix plus compétitifs, afin d’augmenter l’offre et limiter la pression sur les coûts de production.
Cette adaptation vise également à préserver la compétitivité des exploitations, dans un contexte où les prix des intrants restent historiquement élevés malgré une certaine stabilisation.
Produits phytosanitaires : vers une autorisation sans limite de temps
Annoncée mi-décembre 2025, la Commission européenne envisage une réforme profonde du système d’homologation européen des produits phytosanitaires.
Concrètement, elle prévoit d’accorder à la majorité des biocides et des pesticides une autorisation illimitée dans le temps, leur évitant une réévaluation automatique tous les dix à quinze ans, comme c’est actuellement le cas. Seules les substances considérées comme les plus dangereuses échapperaient à cette exemption.
Cette évolution est présentée comme un moyen de sécuriser les outils de protection des cultures dans un contexte de réduction progressive du nombre de substances disponibles.
Taux d’emprunt : une stabilité qui redonne de la visibilité
Bonne nouvelle côté financement : les taux d’intérêt des nouveaux crédits bancaires continuent de se stabiliser, voire de diminuer légèrement en 2025. Selon les dernières statistiques de la Banque de France, le taux moyen des nouveaux crédits bancaires accordés aux entreprises non financières est tombé sous la barre des 4 %.
Cette stabilité permet aux exploitants de sécuriser leurs projets d’investissement (équipements, modernisation des bâtiments, nouvelles technologies), d’accompagner leurs projets de transition vers des systèmes plus durables et de renégocier ou lisser certains financements existants.
Marchés de l’élevage : des perspectives sous pression
Les filières animales continuent d’affronter des défis spécifiques :
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Porc : des prix encore bas
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Les cotations du marché du porc français montrent une baisse continue, avec des cours autour de 1,47 €/kg, faisant suite à plusieurs semaines de recul progressif sur le marché national.
Cette situation s’explique par une offre toujours importante mais la demande, quant à elle, reste modérée, notamment du côté de la consommation domestique et des exportations, qui peinent à compenser l’offre excédentaire.
Par conséquent, les marges restent sous pression, ce qui rend crucial le suivi des coûts de production (alimentation, énergie, intrants) et l’optimisation de la gestion des cheptels.
Les prix du porc devrait se stabiliser en Europe, à l’approche de 2026. La décision chinoise de réduire les droits de douane appliqués à l’ensemble des exportateurs européens, donne de l’air au marché européen qui avait été pénalisé par les droits provisoires plus élevés.
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Lait : tendance à la baisse
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Les prix du lait payés aux producteurs affichent une tendance modérée à la baisse, avec des cotations enregistrées autour d’environ 493 €/1 000 L, légèrement inférieures aux semaines précédentes.
Ce recul s’explique notamment par une offre légèrement supérieure à la demande ainsi qu’une consommation intérieure et internationale qui se modère, freinée par le pouvoir d’achat des consommateurs.
Concernant les producteurs, cette situation rend importante la maîtrise des coûts de production, l’optimisation des charges et la recherche de valorisation via des labels ou des circuits courts.
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Viande bovine : stabilité, voire légère baisse
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Sur le marché de la viande bovine, les prix se maintiennent, avec toutefois de légères baisses observées sur certaines découpes ou catégories de poids. Cette situation reflète un marché relativement équilibré entre l’offre et la demande.
Pour les éleveurs, cette stabilité relative est une opportunité, mais elle appelle à la vigilance : une modification de l’offre (augmentation ou diminution des volumes) ou de la demande peut rapidement se traduire par des fluctuations des prix payés aux producteurs et des prix à la consommation.
Légumes : Le climat clément pénalise les producteurs bretons
De la Bretagne à l’Europe du Nord, l’afflux massif de choux-fleurs sur les marchés sème la tourmente parmi les maraîchers. Entre une et une , tant sur le territoire national qu’à l’export, les professionnels bretons tirent la sonnette d’alarme. La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle touche , plongeant le secteur dans une .
Les producteurs encouragent la population à manger des choux pour la fin de l’année.

Conclusion
Ainsi, dans un contexte de marchés agricoles contrastés, la maîtrise technique de l’exploitant apparaît comme un levier essentiel. Optimiser les marges et contrôler les coûts de production permet non seulement de maintenir le revenu et la pérennité de l’exploitation, mais aussi de créer les conditions pour développer et moderniser l’exploitation sur le long terme.