Stockage et revente de carbone en milieu agricole

Dans un objectif mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), le marché du carbone a vu le jour en 2005 suite au protocole de Kyoto. Il s’agit d’un système d’échange de droits d’émissions de GES, où des entreprises très polluantes sont contraintes d’acheter des « crédits carbone » afin de ne pas dépasser les seuils de pollution qui leur sont imposés. Ce marché est dit « obligataire » : ce sont les administrations nationales qui ont imposé à certaines entreprises ce fonctionnement. Le secteur agricole n’est pas concerné par ce dernier. En effet, à l’heure actuelle seul le marché volontaire peut être appliqué en milieu agricole.

En lien avec la stratégie nationale bas carbone (SNBC), des organisations se sont mises en place afin de placer le monde agricole comme un secteur efficace dans cette réduction des émissions de GES et même dans le stockage de carbone à l’échelle nationale et mondiale. Ainsi, à l’heure actuelle différents dispositifs existent et permettent aux agriculteurs (éleveurs et/ou cultivateurs) de vendre des crédits carbone. Dans un contexte environnemental compliqué et économique instable, il peut être intéressant de pouvoir sécuriser et diversifier son revenu.

 

Pourquoi s’y intéresser ?

Les enjeux pour les exploitants agricoles sont principalement économiques. En effet, une tonne de carbone se négocie actuellement aux environs de 40 €. Avec des potentiels de stockage ou réduction d’émissions entre 0.5 et 2 tonnes de CO2 par hectare et par an, il est facile de se rendre compte du potentiel économique de ce marché. De plus, le fait de s’engager dans ce genre de démarche peut potentiellement ouvrir des portes vers de meilleures rémunérations des produits agricoles (meilleure image auprès du consommateur). Ce marché peut également permettre de valoriser des démarches que certains exploitants cherchent déjà à entreprendre (implantation de haies, agriculture de conservation des sols etc.)

Pour ce faire, il existe actuellement le Label-bas-carbone créé par le Ministère de la Transition Écologique. Ce dernier garantit que des projets/engagements de réduction d’émission ou de stockage de carbone sont conformes aux objectifs de la stratégie nationale bas carbone. Ce label est basé sur des méthodes crédibles et vérifiées de comptabilisation des émissions de GES. Il permet de donc de quantifier les réductions d’émissions voir même les quantités de CO2 séquestrées. Cette labellisation permet d’approuver les crédits carbone et donc de leur donner de la valeur. Le tableau qui suit reprend les méthodes qui sont actuellement validées dans le cadre du label-bas-carbone :

La méthode CarbonAgri est celle qui est la plus utilisée actuellement. Elle s’applique le mieux au monde agricole et notamment aux exploitations en polycultureélevage. Pour appliquer cette méthode, l’outil CAP’2ER est utilisé. Agrigestion propose de réaliser vos bilans carbones dans le cadre de la méthode CarbonAgri (niveau 1 et 2 du CAP’2ER).

L’APAD est en cours de réalisation d’un projet qui entre également dans le cadre du label bas carbone. Ainsi, dans le courant de l’année 2023 les exploitants agricoles labellisés « Au cœur des sols » pourront commencer à comptabiliser les crédits carbone stockés par leurs pratiques.

D’autres projets que le Label bas-carbone existe, il s’agit par exemple de celui porté par l’entreprise SoilCapital.

Les acheteurs de tonnes de carbone de ces marchés volontaires sont assez divers mais restent centrés sur un même axe : ce sont des porteurs de projets soucieux de réduire leur emprunte carbone. Ainsi, on peut retrouver des entreprises, des collectivités ou même des particuliers.

Comment s’y prendre ?

Il est important de comprendre que chercher à vendre son carbone agricole signifie se lancer dans un engagement de plusieurs années, avec des mises en place d’actions et démarches spécifiques pour la réduction des émissions de GES. En effet, pour que les pratiques soient validées et puissent amener à un paiement il est impératif qu’elles soient spécifiquement mises en place à des fins de réductions des émissions de GES.  La liste qui suit reprend les principales actions possibles :

  • Éviter le sol nu,
  • Favoriser les bandes enherbées, fleuries,
  • Implanter des arbres et des haies,
  • Réduire les importations d’intrants à forte emprunte carbonée,
  • Diversifier et allonger les rotations,
  • Favoriser le pâturage,
  • Développer les prairies permanentes,
  • Etc.

Certaines de ces pratiques sont plus ou moins simples à mettre en place, mais elles doivent s’appliquer au cas par cas afin de ne pas impacter négativement la production. Il faut choisir donc des démarches appropriées à son exploitation.

Le schéma qui suit explique comment fonctionne l’engagement vers une démarche de réduction ou stockage de carbone.

Le principe général est donc de réussir au bout des 5 ans à créer une différence (en tonne de carbone) la plus importante possible entre le bilan carbone réalisé en première année et celui réalisé en cinquième année.

Exemple :

Je suis un éleveur laitier. J’ai entendu parler du bilan carbone par un collègue et après renseignements je souhaite m’y engager :

  1. Je prends contact avec une entreprise qui va m’accompagner (Agrigestion propose ce type de prestation).
  2. Le conseiller réalise un diagnostic initial qui permet de quantifier mon niveau d’émission et de stockage de carbone en janvier 2022 (engagement CarbonAgri).
  3. Les résultats en 2022 : émission de 0.86 x 600 000 L + 2 276 x 40 ha de cultures = 516 + 91.04 = 607.04 tonnes de C02
  4. Le conseiller me fourni un plan d’actions à mettre en place durant les 5 ans d’engagement (accroître l’autonomie protéique, augmenter la part de prairies permanentes, optimiser la fertilisation azotée, augmenter les surfaces couvertes en hiver etc.)
  5. Les résultats du diagnostic carbone en 2027 : 0.75 x 600 000 L + 1 750 x 40 ha de cultures = 450 + 70 = 520 tonnes de C02
  6. J’ai donc réduit mes émissions d’environ 85 tonnes de C02 par an (avec un prix actuel à 40 €/T je peux toucher 17 000 € pour mon engagement de 5 ans).

Quand s’y prendre ?

Les démarches d’engagement peuvent se faire dès maintenant. Cependant, plusieurs détails importants sont à prendre en compte : le prix du carbone évolue et comme tout marché il y a des fluctuations dans les deux sens. S’engager à la bonne période permettra de dégager plus de revenu. De plus, les règles de la réforme PAC pour 2023 se dessinent et il est assez probable que les démarches entreprises pour réduire les émissions de carbone puissent permettre d’accéder à des aides supplémentaires pour la PAC (éco-régime, MAEC etc.). Il est don intéressant de se lancer dans ce genre de démarche au moment le plus opportun, le faire trop tôt pourrait s’avérer moins avantageux.

Conclusion

L’infographie qui suit reprend les grandes caractéristiques actuelles du marché du carbone :

Les exploitants qui cherchent à s’engager dans ce genre de démarches doivent donc mettre en place une stratégie afin de définir quand et comment ils vont agir face au stockage et à la réduction d’émission de carbone. Ils peuvent également se faire aider dans leurs réflexions et leurs démarches (réalisation du bilan carbone, conseils stratégiques etc.). Agrigestion accompagne ainsi les agriculteurs dans leurs démarches face au carbone. Toute personne intéressée peut appeler au 02.99.53.63.77.

Sources : Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation / Guide complet Label-bas-carbone / Aspexit : la course au carbone / FranceAgricole : les différents domaines du Label bas-carbone